Maintien à domicile ou établissement spécialisé : comment faire le bon choix ?

Lorsqu’un proche devient fragile en raison de l’âge, d’un handicap ou d’une maladie, il arrive un moment où se pose une question essentielle : peut-il continuer à vivre chez lui, ou faut-il envisager une entrée en établissement spécialisé ? Pour son proche aidant, souvent salarié en parallèle, cette décision n’est jamais simple. Entre logistique et fatigue, impact financier, le cœur et la raison se confrontent. Ce choix dépend donc d’une combinaison de facteurs médicaux, psychologiques, sociaux et financiers. Cet article vous apporte une grille de lecture pour orienter vos réflexions et vous guide au travers des différentes options en fonction de la situation de votre proche.

  • Etat de santé et autonomie

L’état de santé de votre proche permet-il de rester à son domicile ?  Votre proche est-il encore en capacité de vivre seul ? Est-il encore suffisamment autonome ?

  • Environnement du domicile

Le domicile est-il sécurisé (absence d’escaliers, salle de bain adaptée,…). Votre proche est-il entouré (famille, voisin, réseau local) ? L’adaptation du domicile est-elle possible (et à quelle coût) ? Si l’isolement est fort et que l’environnement est inadapté, le maintien à domicile peut devenir un facteur de risque.

  • Volonté de votre proche

C’est une question cruciale. Même si l’autonomie baisse, le désir de rester chez soi peut être fort. Il est essentiel d’écouter votre proche, tout en mettant en balance sa sécurité.

  • Soutien familial et capacité de l’entourage

Les proches peuvent-ils prendre le relais ? Ont-ils des ressources (temps, énergie, proximité,…) pour intervenir ? L’épuisement de l’aidant est un signal d’alerte fort qui peut indiquer qu’un passage en établissement devient nécessaire.

  • Coût et financement

Le coût du maintien à domicile peut très vite grimper (intervenants multiples, bilan ergothérapeute, adaptation du logement, …). Les établissements spécialisés ont aussi un coût élevé mais certaines aides peuvent s’appliquer (APA, APL, crédit d’impôt, …)

Comparer les deux options de façon chiffrée peut permettre de prendre une décision plus sereinement.

  • Qualité de vie

Tout dépend des caractères et personnalités, un établissement personnalisé peut offrir une stimulation sociale, des activités et une présence 24h/24.
A l’inverse, certaines personnes se referment sur elle-même en établissement et se sentent dépossédées de leur intimité.

Il faut évaluer ce qui est le plus important pour votre proche : indépendance, sécurité, lien social, repères personnels.

 

Comparons à présent plus en détails les options possibles, leurs avantages et limites respectives.

Le maintien à domicile : préserver les repères et l’autonomie

Les avantages

Rester à domicile permet à la personne aidée de conserver ses repères, son rythme de vie, et souvent un sentiment de liberté. C’est une solution particulièrement adaptée lorsque la perte d’autonomie est partielle ou progressive. Elle maintient le lien social avec les voisins, les commerçants, la famille. Pour les personnes âgées, cela peut aider à préserver leurs capacités cognitives plus longtemps.

Les limites

Le maintien à domicile devient complexe lorsque les troubles s’aggravent (troubles cognitifs, perte de mobilité, isolement social). Il nécessite souvent :

  • Une coordination de multiples intervenants (aide à domicile, infirmiers, kinés, portage de repas…)
  • Des aménagements coûteux pour le maintien de l’autonomie et la sécurisation du domicile (barres d’appui, lit médicalisé, monte-escalier…)
  • Une présence soutenue de l’aidant, difficilement compatible avec une vie professionnelle
L’établissement spécialisé : un encadrement sécurisé et médicalisé

Les avantages

Les établissements spécialisés offrent une surveillance continue, ce qui peut être rassurant notamment lorsque le proche présente des risques de chute, de fugue ou des troubles du comportement.  De plus, une équipe pluridisciplinaire accompagne les résidents au quotidien avec une prise en charge adaptée à leurs besoins spécifiques. Le personnel qualifié peut ainsi réaliser les soins que les aidants à domicile ne peuvent pas toujours assumer : des traitements lourds, les soins palliatifs, la nutrition par sonde etc. Les chambres, salles de bain, circulations, sont pensées pour des personnes en perte d’autonomie ou handicapées, ce qui réduit les risques d’accidents. Les résidents bénéficient d’activités collectives qui limitent l’isolement et favorisent le maintien cognitif et relationnel.  Enfin, l’entrée en établissement peut être un soulagement pour l’aidant, parfois épuisé par une présence constante.

Les limites

Quitter son domicile est souvent difficile, surtout pour les personnes âgées ou atteintes de troubles cognitifs. Cela peut provoquer une perte de repères ou un sentiment de déracinement. De plus la vie en collectivité a ses contraintes : rythme, horaires, bruits, partage de l’espace… ceci peut être mal vécu par certaines personnes habituées à leurs routines et leur indépendance. Il y a moins de liberté dans les décisions du quotidien telles que le choix des repas, les visites ou les sorties, ce qui peut frustrer certaines personnes. Tous les établissements ne proposent pas le même niveau d’encadrement et de confort, d’où l’importance de bien visiter et s’informer. Le coût parfois élevé est un autre frein à considérer.

  1. L’EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes)

Il est destiné aux personnes âgées de plus de 60 ans en perte d’autonomie. Il garantit un encadrement 24h/24, des soins médicaux, des animations régulières, et des repas adaptés. Cette solution convient particulièrement aux personnes souffrant de troubles cognitifs modérés à sévères (Alzheimer, Parkinson…)

En France, environ 600 000 personnes vivent en EHPAD (source : CNSA, 2023)

  1. Les FAM (Foyers d’Accueil Médicalisés) et MAS (Maisons d’Accueil Spécialisées)

Ces dispositifs sont destinés aux personnes en situation de handicap lourd ou polyhandicap, qui bénéficient ainsi d’un accompagnement médicalisé et éducatif renforcé. Ces structures permettent un accueil à temps complet, souvent à vie.

  1. La Résidence Autonomie (ex-foyer-logement)

Cette solution s’adresse aux personnes âgées encore autonomes mais souhaitant un cadre sécurisé. Le personnel de la résidence autonomie ne prodigue pas de soins médicaux, mais garantit un cadre collectif et des services (restauration, gardien, animations … ) Il s’agit d’une bonne solution intermédiaire avant une perte d’autonomie plus marquée.

  1. Les foyers de vie ou foyers occupationnels

Les foyers proposent un accueil de jour ou un hébergement avec accompagnement à la vie sociale pour des adultes en situation de handicap, avec un certain niveau d’autonomie.

Comment choisir la meilleure solution selon la situation de votre proche ?

Personne âgée autonome ou semi-autonome

Le domicile reste une option réaliste, avec l’appui de l’APA, d’aides à domicile et de dispositifs comme la téléassistance. Les résidences autonomie peuvent aussi convenir si l’isolement devient pesant.

Personne âgée très dépendante ou avec des troubles cognitifs avancés

L’EHPAD s’impose souvent lorsque la surveillance est nécessaire jour et nuit, et que les troubles de la mémoire, de l’orientation ou du comportement s’aggravent.

Personne en situation de handicap (moteur, mental, sensoriel)

Si la personne est stabilisée et bien entourée, le maintien à domicile peut fonctionner. En revanche, si les besoins médicaux sont lourds ou les troubles importants, un FAM ou une MAS peut offrir un meilleur accompagnement.

Dernier conseil pratique : faites appel à son médecin traitant, un ergothérapeute ou un conseiller en gérontologie pour faire un bilan objectif de la situation !

En conclusion : un choix à faire avec lucidité, et surtout avec cœur

Il n’existe pas de solution parfaite, seulement celle qui répond le mieux aux besoins de votre proche… et aux vôtres. Écoutez ses envies, soyez attentif à votre propre équilibre, et n’hésitez pas à solliciter un professionnel (assistante sociale, médecin, plateforme d’accompagnement des aidants) pour vous aider à évaluer les options.

Rappelez-vous : choisir un établissement ne signifie pas abandonner son proche. C’est souvent une autre façon d’aimer, de continuer à prendre soin de lui et être présent autrement. Qu’il soit à domicile ou en institution, ce qui compte, c’est le lien et le soutien affectif que vous continuez à lui offrir.

Vous êtes salarié et proche aidant ? Vous accompagnez un proche en perte d’autonomie liée à l’âge, la maladie ou une situation de handicap ?
Toute l’équipe Tilia se mobilise pour vous apporter des conseils pratiques tout au long de l’année grâce à nos articles mais également si vous bénéficiez de notre dispositif humain et digital, n’hésitez pas à faire appel aux conseillers sociaux et assistants personnels à votre disposition !
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