On imagine souvent l’aidant comme un adulte, salarié ou retraité, qui s’occupe d’un parent fragilisé. Pourtant, de nombreux enfants et adolescents vivent aussi cette réalité, souvent dans l’ombre. On estime qu’en France, environ 523 000 mineurs seraient de jeunes aidants, ce qui équivaut à 4,8% des 5-17 ans.
Cela se traduit par la présence d’un à deux élèves aidants par classe. Ce chiffre grimpe à plus d’un million si l’on inclut les 16-25 ans (source : Ipsos/Novartis, 2021). Cela représente une part importante de la jeunesse, encore trop peu reconnue et pas suffisamment accompagnée.
Un rôle souvent invisible
Pour ces jeunes, aider est perçu comme naturel : « s’occuper de maman », « être là pour papa », « aider son frère ». Pourtant, les tâches vont bien au-delà de ce que l’on attend d’un enfant ou d’un adolescent. Elles concernent aussi bien l’aide aux gestes du quotidien, la préparation des repas, l’accompagnement aux rendez-vous médicaux que le soutien moral. Selon l’enquête Ipsos, 65 % des jeunes aidants de 13 à 16 ans consacrent au moins une heure par jour à ces responsabilités, alors même qu’ils sont encore scolarisés. Autant de temps qu’ils ne peuvent consacrer à leur scolarité ou simplement jouer à des jeux d’enfants en tout insouciance.
Des situations variées mais un même défi
Les contextes sont multiples : un parent atteint d’une maladie neuro-évolutive, un grand-parent en perte d’autonomie, une sœur, un frère porteur de handicap. Quelle que soit la situation, ces enfants et adolescents partagent un défi commun : apprendre à grandir tout en portant une charge qui, normalement, revient aux adultes.Un impact réel sur leur quotidien
Être aidant si jeune, c’est souvent renoncer à des loisirs ou à une vie sociale ordinaire. Certains peinent à se concentrer à l’école, d’autres ressentent fatigue et anxiété. Dans l’enquête Ipsos/Novartis, près d’un jeune aidant sur trois se dit stressé ou dépassé par ses responsabilités. Ces effets peuvent fragiliser leur santé, leur scolarité et leur équilibre psychologique.
Et pourtant, cette expérience développe aussi de belles qualités : sens de l’écoute, maturité, sens des responsabilités. Beaucoup de jeunes aidants tirent une grande fierté de leur rôle, même si le prix est parfois lourd à porter.
Des besoins d’accompagnement spécifiques
Leur premier besoin est la reconnaissance. Trop souvent invisibles, ces jeunes souffrent du silence qui entoure leur situation. Être repérés et entendus allège déjà leur charge mentale. Ils ont aussi besoin de soutien dans leur scolarité : un aménagement d’emploi du temps, la compréhension d’un enseignant, peuvent faire une vraie différence.
Le répit est également essentiel. Avoir accès à des activités de loisirs, pouvoir souffler sans culpabiliser, leur permet de préserver leur équilibre. Enfin, des espaces de parole — qu’ils soient proposés par des associations, des professionnels ou au sein des établissements scolaires — leur offrent la possibilité d’exprimer leurs émotions et de rompre l’isolement.
Accompagner pour préserver l’avenir
Reconnaître les enfants et adolescents aidants, ce n’est pas les enfermer dans une case, c’est leur donner les moyens de s’épanouir. Les soutenir, c’est leur permettre d’être à la fois un pilier pour leur proche et des jeunes qui construisent leur avenir sereinement.
Leur rappeler que leur engagement est précieux, tout en affirmant leur droit de vivre pleinement leur enfance ou leur adolescence, est la meilleure façon de leur offrir un avenir plus serein.
Pour aller plus loin
Nous vous invitons à vous rapprocher des associations :
L’association JADE (Jeunes AiDants Ensemble) qui propose des ateliers artistiques gratuits pour les 8 – 18 ans encadrés par des professionnels, pour offrir un temps de répit et un lieu d’expression.
L’association La Pause Brindille propose une ligne d’écoute « Brin d’écoute », des entretiens et du soutien via des projets collectifs (sorties, séjours, échanges).