Chaque jour, des salarié·es en France jonglent entre leur travail et le rôle d’aidant auprès d’un proche fragilisé par l’âge, un handicap ou une maladie.
Connaître ses droits permet de mieux organiser son quotidien, de protéger sa santé et de faire valoir ses besoins dans son environnement professionnel.
État des lieux et chiffres clés
En France, on recense 8 à 11 millions de proches aidants, non professionnels, c’est-à-dire des personnes qui apportent une aide régulière ou fréquente à un proche malade, âgé ou en situation de handicap. Parmi eux, environ 61 % exercent en parallèle une activité professionnelle.
Le temps moyen d’aidance pour un salarié-aidant est d’environ 9,8 heures par semaine selon l’Observatoire OCIRP 2023. Parmi les difficultés rapportées, 82 % des salarié·es aidants disent manquer de temps. Plus de la moitié indiquent avoir déjà renoncé à une opportunité professionnelle ou personnelle en raison de leur rôle d’aidant. Ces données illustrent la complexité de trouver l’équilibre entre les exigences professionnelles et les obligations familiales.
Définitions importantes
Un salarié aidant est un salarié non professionnel qui, en plus de son emploi, apporte une aide non rémunérée et régulière à un proche en perte d’autonomie, malade ou en situation de handicap. Cela peut concerner un parent, un conjoint, un enfant ou même une personne sans lien de parenté mais avec laquelle l’on entretient un lien stable et à laquelle on prodigue des soins fréquents.
Le congé de proche aidant donne le droit à un salarié de réduire ou suspendre temporairement son activité professionnelle afin de venir en aide à un proche. Ce congé est non rémunéré, partiellement compensé via le versement de l’AJPA.
L’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) est la prestation versée aux salariés (ou autres catégories selon leur régime) qui prennent un congé de proche aidant ou réduisent leur activité pour aider un proche, pour compenser (partiellement) la perte de revenus.
Principaux dispositifs légaux en France
Le droit français propose plusieurs dispositions pour protéger les salarié·es aidants :
• Le congé de proche aidant (anciennement congé de soutien familial) permet de suspendre temporairement son contrat de travail pour s’occuper d’un proche en perte d’autonomie ou handicapé. Il est ouvert sans condition d’ancienneté, mais il n’est pas toujours rémunéré.
• L’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) est versée par la CAF ou la MSA selon le régime de rattachement auprès de qui faire votre demande. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, elle s’élève à 65,80 € par journée ou 32,90 € pour une demi-journée. On peut en bénéficier jusqu’à 66 jours par personne aidée, pour un maximum de 264 jours au cours de la carrière, si on aide jusqu’à 4 personnes distinctes.
• D’autres congés et absences spécifiques existent : le congé de solidarité familiale (pour accompagner un proche en fin de vie), le congé de présence parentale (pour s’occuper d’un enfant gravement malade), etc. Ces congés sont encadrés par la loi, parfois avec des allocations associées.
• Les salariés aidants bénéficient également du droit à l’aménagement du temps de travail : télétravail, horaires flexibles, temps partiel, fractionnement du congé de proche aidant selon les accords de branche ou d’entreprise.
Ressources en entreprise
Dans l’entreprise, plusieurs interlocuteurs et structures peuvent aider le salarié aidant à faire reconnaître ses droits et à négocier des aménagements :
• Le manager hiérarchique est souvent le premier contact. Beaucoup de salarié·es commencent par expliquer leur situation auprès de leur supérieur direct pour obtenir flexibilité ou compréhension.
• Le service Ressources Humaines (RH) peut informer sur les dispositifs internes, accords collectifs, aménagements possibles, congés ou mutation de poste.
• La médecine du travail ou le service de santé au travail joue un rôle essentiel. Elle peut conseiller, proposer des aménagements d’horaires ou d’activité pour préserver la santé physique et mentale.
• Les instances représentatives du personnel (CSE) peuvent être un relais pour sensibiliser l’entreprise, faire remonter des besoins communs, et négocier des accords collectifs favorables aux aidants.
• Enfin, les services sociaux internes ou externes, associations d’aidants, plateformes gouvernementales (comme aidant.gouv.fr), et les Caisses d’Allocations Familiales (CAF) apportent des informations, donnent des formulaires, accompagnent dans les démarches.
Comment faire valoir ses droits : conseils pratiques
Pour le/la salarié·e aidant·e, quelques étapes facilitent l’usage de ses droits :
1. Informer formellement son employeur, idéalement par écrit, de sa situation d’aidant, pour activer les possibilités d’aménagement ou de congé.
2. Vérifier sa convention collective ou les accords d’entreprise : certains établissements sont plus favorables que le droit national minimum.
3. Se rapprocher de la CAF ou de la MSA pour faire la demande d’AJPA, en respectant les conditions (diagnostic de la personne aidée, lien, activité réduite ou suspendue).
4. Conserver tous les justificatifs : certificats médicaux, attestations de lien familial ou de domicile, correspondances avec l’employeur pour congé traitant de proche aidant.
5. Ne pas rester seul·e : chercher du soutien auprès d’associations d’aidants, se renseigner via les sites publics (Service-Public.fr, Ministère du Travail), ou faire jouer ses droits sociaux.