Accompagner un proche fragilisé par l’âge, une maladie ou une situation de handicap, c’est souvent constater à quel point le logement peut vite devenir un lieu de danger plutôt que de confort. Pour soulager les gestes du quotidien et préserver l’autonomie aussi longtemps que possible mais surtout éviter les chutes, adapter le domicile est une démarche essentielle. Elle peut sembler complexe à mettre en œuvre Pourtant, il existe des solutions simples, accessibles, et parfois même financées en partie par des aides publiques. Quels aménagements privilégier ? À quel coût ? Quelles aides techniques existent pour réduire les risques de chute et soulager les gestes du quotidien ? Voici un tour d’horizon des aménagements les plus utiles, selon les besoins et le niveau d’autonomie de votre proche.
Un enjeu majeur : prévenir les chutes à domicile
Les chutes sont la première cause d’accidents de la vie courante chez les personnes âgées. Chaque année, 2 millions de personnes de 65 ans et plus font une chute, dont 130 000 entraînent une hospitalisation (source : Santé publique France, 2023).
Le risque est accru en cas de troubles de l’équilibre, de diminution de la vue ou de prise de médicaments. Agir sur l’environnement domestique permet de réduire considérablement ces risques.
Sécuriser la salle de bain : priorité numéro un
La salle de bain est l’un des endroits les plus à risque pour les personnes fragiles.
C’est l’une des pièces les plus accidentogènes. Voici quelques aménagements essentiels :
- Barres d’appui murales : faciles à poser, elles sécurisent les transferts (baignoire, toilettes, douche). Elles sont disponibles en magasin de bricolage ou en pharmacie pour un coût unitaire d’environ 50€.
- Rehausseur de WC ou barres latérales pour les toilettes : disponibles dans les grandes surfaces médicales et faciles à mettre en place.
- Siège de douche mural (entre 100 et 250 €) : simple à installer, il permet de soulager les personnes sujettes à la fatigue ou à l’équilibre instable.
- Transformer sa baignoire en douche à l’italienne avec sol antidérapant (2 000 à 5 000 € selon les travaux) : c’est la solution idéale, mais la plus coûteuse. Elle nécessite l’intervention d’un professionnel et la dépense est éligible à des aides financières via l’ANAH ou l’APA.
- Des kits de transformation rapide de baignoire en douche existent, avec peu de travaux, à partir de 1 500 €
👉 Bon à savoir : Certaines de ces adaptations peuvent être conseillées lors d’une évaluation à domicile réalisée par un ergothérapeute ou un service de soins à domicile.
Aménager les escaliers et circulations pour plus de fluidité et sécurité
Dans les couloirs et escaliers, pour éviter les chutes et la fatigue plusieurs solutions existent :
- Rampes d’appui continues sur les escaliers : leur installation est très simple, elles sont accessibles dans les commerces spécialisés.
- Eclairage avec détecteur de mouvement : c’est une solution facile à poser qui améliore la sécurité de nuit.
- Monte-escalier électrique : c’est un aménagement adapté en cas de perte de mobilité sévère, mais l’installation nécessite l’intervention d’un professionnel. Cette intervention peut être partiellement financée par les aides de l’APA.
Dans les couloirs, il faut penser à enlever les tapis glissants, à libérer les passages et à sécuriser les seuils de porte, notamment pour les utilisateurs de canne, de déambulateur ou de fauteuil roulant.
Améliorer le confort dans la chambre et le salon
Pour améliorer le confort et le quotidien pour les personnes à mobilité réduite il faut repenser parfois l’ameublement de la chambre. Repositionnez les meubles pour faciliter les déplacements et ajoutez des lumières de chevet avec interrupteur accessible et assurez-vous que télécommande, téléphone et objets du quotidien soient toujours à portée de main. Voici d’autres équipements à prévoir :
- Lit médicalisé : il facilite les levers, diminue les risques de chute et soulage le dos de l’aidant. Il est prescrit par un médecin, et généralement livré et installé par un professionnel. Son coût s’élève à 900 €, souvent pris en charge en location par la sécurité sociale avec prescription médicale.
- Fauteuil releveur électrique : il est utile pour les personnes qui peinent à se relever seules. Il coûte entre 800 et 1500 € et nécessite une livraison spécialisée mais ne requiert pas de travaux.
Dans la cuisine : privilégier l’autonomie et la simplicité
Pour éviter des efforts inutiles et permettre à votre proche d’utiliser la cuisine en autonomie, pensez à réorganiser les placards à hauteur de bras et à supprimer les tapis glissants. Vous pouvez également installer des chaises avec accoudoirs (disponibles dans les magasins de mobilier ou spécialisés) pour se reposer sans effort. Une autre amélioration, souvent négligée mais essentielle, consiste à renforcer et multiplier l’éclairage. Ici aussi, évitez les objets glissants, les ustensiles trop lourds, et veillez à garder les zones de préparation dégagées.
Aides techniques pratiques au quotidien
Voici une liste non exhaustive d’autres équipements qui permettent d’assurer les déplacements et le maintien à domicile de votre proche.
- Déambulateurs, cannes, pinces de préhension, coussins ergonomiques : en vente dans les magasins de matériel médical, certains sont remboursables sur prescription.
- Téléassistance (bracelet ou médaillon d’alerte) : installation simple, souvent subventionnée via l’APA ou des mutuelles.
- Dispositifs anti-fugue ou détecteurs de chute : utiles en cas de troubles cognitifs, nécessitent parfois un accompagnement professionnel.
Pour financer les aménagements des aides existent
- APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) : pour les personnes âgées en perte d’autonomie (GIR 1 à 4), elle peut financer des aides humaines et techniques.
- PCH (Prestation de Compensation du Handicap) : destinée aux personnes handicapées, elle prend en charge une partie des équipements ou des travaux.
- ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) : propose des subventions pour les travaux d’adaptation, sous conditions de ressources.
💡 En 2022, plus de 70 000 logements ont été adaptés grâce aux aides de l’ANAH (source : Rapport annuel ANAH, 2023).
En 2024 une nouvelle aide unique est effective : MaPrimeAdapt’. Elle vise à faciliter le financement des travaux d’adaptation des logements. Cette aide s’adresse, sous conditions de ressources.
- aux personnes âgées de plus de 70 ans quel que soit leur niveau de dépendance
- aux personnes âgées de 60 à 69 ans en perte d’autonomie précoce justifiant d’un niveau GIR de 1 à 6
- aux personnes en situation de handicap, sans conditions d’âge, qui justifient d’un taux d’incapacité supérieur ou égal à 50% ou éligibles à la Prestation de Compensation du Handicap (PCH)
MaPrimeAdapt’ est destinée aux propriétaires occupants et aux locataires du parc privé pour les travaux dans la résidence principale, en France et en outre-Mer.
En conclusion : chaque geste compte
Adapter le logement de son proche, c’est lui permettre de vivre plus longtemps chez lui, en sécurité, et dans la dignité. C’est aussi, pour vous, aidant familial, une façon de prévenir l’épuisement, de réduire le stress et de mieux concilier votre rôle d’aidant avec votre vie professionnelle.
Commencez par l’essentiel, en ciblant les zones les plus risquées via une évaluation des besoins à domicile, souvent proposée gratuitement par les services de soins infirmiers à domicile ou via les plateformes d’accompagnement des aidants. Vous n’avez pas à tout faire seul. Il existe des solutions, des professionnels, et des aides pour vous accompagner à chaque étape. Chaque petit changement compte pour rendre le quotidien plus sûr, plus simple et plus serein.