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Famille et relation d’aide : 5 conseils pour éviter les difficultés

L’équilibre familial peut vite se trouver déstabilisé lorsqu’il faut faire face à la perte d’autonomie d’un de ses membres. Que les liens se resserrent ou au contraire se distendent, il faudra faire des ajustements, des compromis pour arriver à recréer un nouvel équilibre.  Conseils pour naviguer en évitant les écueils.

Aidants malgré eux. Alors qu’il faudrait, pour le bien de tous, affronter la situation d’aide de manière collective, souvent, l’un des membres de la famille est désigné aidant, qu’il le veuille ou non. Il peut s’agir de celui ou celle qui habite le plus près du parent en difficulté, celui ou celle qui n’a pas d’enfant, qui est célibataire… donc présumé(e) plus disponible.

Un rôle qui échoit le plus souvent aux femmes. Entre sacrifice et héroïsme, la contrainte sociale pousse bien souvent un membre féminin dans la position d’aidante principale.

Or ce rôle est bien mieux vécu s’il est – vraiment – choisi.

 

Préparer le terrain

Dans cette optique, et dès que les premières difficultés surviennent, mieux vaut organiser un conseil de famille.

Pour qu’il se déroule au mieux, chacun gagnera à réfléchir en amont à ses motivations, ses besoins et ses contraintes.

Mais aussi à envisager la situation du proche en perte d’autonomie avec lucidité : quelles sont ses difficultés actuelles ? Et celles qui risquent de survenir ?

S’il n’est jamais agréable de regarder ses problèmes en face, c’est une étape indispensable.

Pour plus d’efficacité, il peut être utile de résumer les échanges par écrit, voire d’utiliser des outils issus du monde du travail : tableau de répartition des tâches, retroplanning des actions à mettre en place.

Pour que tout se déroule au mieux et que le conseil aboutisse à des solutions constructives, chacun doit pouvoir s’exprimer… et être écouté.

Des techniques telles que la communication non-violente ou l’écoute active gagneront à être mobilisées.

 

Répartir les tâches

D’après le code de l’action sociale et des familles, « est considéré comme proche aidant d’une personne âgée : son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne » (article L. 113-1-3).

La charte européenne de l’aidant familial en donne une définition plus large. Selon ce texte de 2007, un aidant est « une personne non professionnelle qui vient en aide à titre principal, pour partie ou totalement, à une personne de son entourage qui a des besoins d’aide/de soutien. Cette aide/soutien peut être assurée de façon permanente ou temporaire et peut prendre diverses formes, notamment soins, accompagnement à l’éducation et à la vie sociale, formalités administratives, déplacements, coordination, soutien psychologique et vigilance permanente (en cas d’handicap psychique) ou activités domestiques ».

Les aidants peuvent donc être amenés à prendre en charge des missions très nombreuses, et très variées.

Pour les partager le plus équitablement possible, il faudra les recenser, et indiquer le temps et la fréquence demandée par chacune.

Chaque membre de la famille pourra ensuite assumer la ou les tâches de son choix, en fonction de sa disponibilité, ses possibilités, ses envies.

Un conseil : une fois que cette répartition est actée, chacun doit s’engager à la respecter, et à avertir les autres membres de la famille en cas de difficulté, afin d’alléger la charge mentale des autres.

 

Compenser l’éloignement géographique

De plus en plus de tâches peuvent être assumées à distance, de la prise de rendez-vous médicaux à la livraison de courses. Avec les outils du quotidien (applications, sites internet…) ou des technologies spécifiques.

Il existe par exemple des applications qui permettent de coordonner les interventions des professionnels, de suivre les rendez-vous de la personne aidée, de partager l’agenda et les contacts des différents intervenants entre aidants… Des fonctionnalités proposées notamment par Tilia.

Pour communiquer, les possibilités se sont démultipliées ces dernières années, avec la démocratisation des messageries instantanées et des solutions de visioconférence à la suite de la crise sanitaire. De quoi mettre en place un partage d’information efficace, et de renforcer les liens avec la personne aidée, même à distance, par des contacts réguliers.

Enfin, les membres de la famille trop éloignés, ou trop pris pour aider concrètement peuvent aussi participer financièrement. Payer un service de portage de repas par exemple évitera à un autre membre de la famille de prendre en charge la confection des repas.

 

Eviter les conflits

Malgré une préparation rigoureuse, la vulnérabilité d’un parent, les difficultés qu’elle engendre peuvent créer des tensions ou faire émerger des conflits latents.

Pour ne pas aller jusqu’à la rupture de dialogue, mieux vaut agir avant que la situation ne devienne critique. Face à des sentiments exacerbés, des émotions qui submergent, un accompagnement psychologique peut être indiqué.

Et si le dialogue devient réellement impossible avec tout ou partie du reste de la famille, il est possible de recourir à la médiation familiale. L’intervention d’une tierce personne, indépendante, neutre et impartiale constitue, en effet, un moyen efficace de résoudre les conflits.

Trouver les coordonnées des services de médiation familiale sur le site de la Fenamef (Fédération Nationale de la médiation et des espaces familiaux).

Des services de médiation sont aussi proposés par l’Union nationale des associations familiales.

 

Mobiliser le reste de la famille

En 2022, près d’un aidant sur deux se dit seul à assumer ce rôle. Et 20 % des aidants consacrent 20 heures par semaine ou plus à accompagner leur proche en perte d’autonomie*.

Même quand ce rôle est choisi, l’aidant principal peut se retrouver débordé. S’il peut faire appel à des professionnels pour le soulager, le reste de la famille peut aussi être sollicité.

Notamment en cas de décision d’importance à prendre : demander l’avis de tout le monde permettra d’éviter des conflits ultérieurs, de la rancœur ou du ressentiment. Faire participer les autres à l’élaboration d’une solution revient à les impliquer et à les responsabiliser.

Mais aussi, simplement, pour souffler. S’il n’est pas évident d’accepter qu’on ne puisse pas tout faire, qu’on n’est pas un super héros, il faut en prendre conscience avant de sombrer dans l’épuisement. Et le dire.

Demander de l’aide sans accuser, demander aux autres de prendre leurs responsabilités peut paraître compliqué, mais il en va de la santé de l’aidant principal, et, par ricochet, de celle de la personne aidée.

 

* Baromètre des aidants, 2015-2022 : Avancées et perspectives, Fondation April

 

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