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Comment parler de sa situation d’aidant au travail ?

Il n’y a bien sûr aucune obligation : chacun est libre d’évoquer sa situation personnelle dans le cadre professionnel ou non. Dire son rôle d’aidant peut cependant vous être bénéfique. Vous avez décidé de franchir le pas ? Conseils pour aborder le sujet au travail.

Faut-il parler de sa situation d’aidant au travail ? Pour de nombreux aidants, la réponse est non : peur de la stigmatisation ou des retombées négatives, volonté de ne pas évoquer sa vie personnelle et de gérer seul la situation en sont les principales raisons.

Mais même si elle relève de la sphère privée, l’aidance a des impacts sur le quotidien professionnel. En effet selon notre Baromètre Aider et Travailler (édition 2023), 2/3 des aidants en emploi affirment que leur situation d’aidant a un impact négatif sur leur travail.

Par ailleurs, nombre d’entre eux ont dû poser des jours de congés ou de RTT spécialement pour s’occuper de leur proche, engager des démarches concernant leur proche durant leurs heures de travail, aménager leurs horaires voire réduire leur temps de travail.

De quoi provoquer l’incompréhension de leurs collègues et de leurs responsables. Sans savoir de quoi il retourne, ils pourraient reprocher à un collègue aidant de moins s’impliquer, d’être moins flexible en cas d’imprévu, de s’absenter au débotté ou de devoir s’isoler pour passer des appels téléphoniques personnels.

Jouer la transparence sur ses contraintes d’aidant permet donc d’assainir ses rapports avec ses collègues, mais aussi une prise en compte de la situation au niveau des ressources humaines.

Et donc de pouvoir bénéficier de davantage de bienveillance et empathie de la part de ses collègues et managers, mais également des dispositifs mis en place pour faciliter leur quotidien : congés légaux, mise en place du télétravail, mesures spécifiques à l’entreprise…

Cinq conseils pour aborder le sujet au travail

Choisissez vos interlocuteurs : il n’est pas forcément nécessaire de faire connaître la situation à toute l’entreprise. Il semble néanmoins important d’expliquer vos contraintes aux membres de votre équipe avec qui vous avez des projets communs, et de solliciter un entretien avec votre manager et le responsable des ressources humaines, le plus à même de vous aider à accéder à vos droits. Sans oublier les collègues avec qui vous entretenez les meilleures relations, pour bénéficier de leur soutien.

Restez simple : pas besoin de rentrer dans les détails. Dire que vous vous occupez d’un proche en perte d’autonomie constitue le point de départ, à vous ensuite de choisir les informations à partager, de détailler vos besoins en fonction de ce que vous souhaitez obtenir.

Par exemple, si vous voulez aménager votre temps de travail, expliquez le nombre d’heures que cette situation vous demande. Pour du télétravail, que votre proche nécessite une surveillance constante ou par exemple du fait de l’éloignement géographique important. Si vous aimeriez bénéficier de plus de souplesse en cas d’absence ponctuelle, que la situation de votre proche est imprévisible.

Soyez clair : il s’agit aussi de démystifier la situation, tant auprès de votre supérieur hiérarchique que de vos collègues. Eviter les idées reçues et les incompréhensions sera bénéfique pour vous comme pour le collectif de travail.

Préparez vos arguments : n’oubliez pas que votre objectif, c’est de rester en poste tout en clarifiant la situation avec votre employeur et en obtenant le soutien de l’entreprise. Commencez par faire valoir votre motivation, puis les améliorations que les aménagements demandés vont apporter à votre travail, mais aussi à la cohésion d’équipe et, in fine, à la performance de l’entreprise.

Mettez en avant vos nouvelles compétences : capacités d’écoute et d’empathie, prise de recul, hiérarchisation des tâches, organisation… De nombreux aidants notent des conséquences positives de l’aide, comme l’acquisition ou le renforcement de compétences utiles dans le monde du travail.

Notamment en matière de « soft skills », ces aptitudes interpersonnelles particulièrement prisées aujourd’hui.

Avec 11 millions d’aidants, et 1 actif sur 4 en situation d’aidance en 2030, de plus en plus de Français sont conscients de l’existence et des difficultés des aidants. Par ailleurs, le soutien aux aidants devient un enjeu pour les entreprises en France, notamment dans le cadre de leur stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Nul doute que les salariés aidants trouveront une oreille attentive et bienveillante s’ils abordent le sujet dans le cadre professionnel, et y gagneront soutien comme tranquillité d’esprit.

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