Lorsque de l’on est salarié aidant, on est souvent pris en étau entre les exigences du travail et les besoins de son proche fragilisé. L’équilibre personnel peut alors passer au second plan. Les repas sont pris sur le pouce, les courses bâclées, et la fatigue finit par guider les choix alimentaires. Pourtant, bien s’alimenter est loin d’être un luxe : c’est une condition essentielle pour préserver son énergie, son moral et sa santé sur la durée. Mieux manger, c’est mieux résister au stress, c’est éviter l’épuisement, c’est préserver sa santé et ainsi mieux aider sur la durée
Pourquoi l’alimentation se dégrade-t-elle chez les aidants ?
Les aidants cumulent souvent charge mentale, stress chronique et manque de temps. Dans ce contexte, l’alimentation risque de devenir une variable d’ajustement : on saute un repas, on grignote sans faim, on mise sur des plats industriels par facilité… Le manque d’appétit lié au stress ou à l’anxiété, l’oubli de soi dans le souci constant de l’autre, ou encore les horaires décalés liés aux soins et aux rendez-vous participent à une déstructuration des repas et des moments de pause.
À cela peut s’ajouter parfois une désorganisation globale : moins de courses, moins d’envie de cuisiner, et un sentiment diffus que « ce n’est pas prioritaire ». Mais à long terme, ces petits déséquilibres répétés peuvent entraîner des conséquences importantes sur la santé des aidants.
Les risques d’une mauvaise alimentation
Une alimentation déséquilibrée affaiblit le corps et l’esprit. Parmi les risques les plus fréquents chez les aidants nous pouvons citer :
- Fatigue chronique, due à un manque de nutriments essentiels (fer, magnésium, vitamines)
- Baisse de l’immunité, avec des infections plus fréquentes.
- Troubles digestifs (ballonnements, constipation, maux d’estomac)
- Prise ou perte de poids involontaire, liée à des repas irréguliers ou déséquilibrés
- Sautes d’humeur, irritabilité, anxiété ou troubles du sommeil accentués par un excès de sucre ou de stimulants (thé ou caféine)
- Risque accru de maladies cardiovasculaires ou de diabète, si les déséquilibres s’installent dans la durée
Il est donc essentiel d’agir, même par petites touches, pour améliorer son alimentation au quotidien.
Les déséquilibres alimentaires les plus fréquents
Quand le rythme de la journée ne permet pas de faire des vraies pauses, ou les exigences du proche fragilisé passent devant les besoins de l’aidant, la déstructuration des repas peut entraîner :
- Un excès de produits transformés : plats préparés, snacks, viennoiseries.
- Un manque de fruits et légumes frais, par manque de temps ou d’organisation.
- Une hydratation insuffisante, notamment quand la journée est dense.
- Des repas sautés ou décalés, remplacés par du grignotage.
- Une surconsommation de café ou de sucre, pour « tenir le coup ».
Ces habitudes, si elles sont compréhensibles, méritent d’être ajustées progressivement afin de retrouver un équilibre et une meilleure santé.
Pourquoi l’alimentation est-elle un levier clé pour les aidants ?
Une alimentation équilibrée joue un rôle essentiel dans la prévention de la fatigue physique et mentale et contribue à :
- Stabiliser l’humeur: d’ailleurs certains nutriments comme les oméga-3, les vitamines B ou le magnésium participent à la régulation de l’humeur et à la réduction de l’anxiété
- Renforcer l’immunité: une bonne alimentation soutient les défenses naturelles, essentielles pour éviter les maladies qui viennent aggraver la charge mentale
- Améliorer la concentration et l’énergie: des repas réguliers et équilibrés permettent de maintenir un bon niveau d’attention et de prévenir les coups de fatigue d’autant plus important quand vous concilier votre activité professionnelle avec votre rôle d’aidant.
Des solutions accessibles et simples existent !
Il n’est pas nécessaire d’alourdir sa routine quotidienne déjà chargée avec des rituels complexes et non tenables dans la durée. Voici quelques astuces qui vous permettront de faciliter votre quotidien :
- Planifier sans se compliquer la vie
Prévoir des repas simples et équilibrés en début de semaine évite les choix de dernière minute. Quelques idées faciles : une soupe maison en grande quantité, une salade composée avec des restes, des légumes surgelés prêts à l’emploi.
- Miser sur des aliments “santé” faciles à intégrer
- Des fruits secs ou oléagineux en collation (amandes, noix).
- Des œufs, légumineuses, ou conserves de poisson (sardines, maquereaux) pour les protéines.
- Des fruits et légumes déjà découpés ou surgelés.
- Se créer des routines réalistes
Commencer la journée par un vrai petit-déjeuner, boire un verre d’eau avant chaque repas, glisser une compote ou une banane dans son sac… Ces petits gestes font une vraie différence et permettent d’éviter d’avoir recours « par facilité » aux aliments ultra transformés néfastes pour la santé ou de sauter des repas.
- Boire régulièrement
Le manque d’eau accentue la fatigue et les troubles de la concentration. L’eau est donc votre meilleure alliée ! Gardez une bouteille à portée de main et pensez à vous hydrater, surtout en cas de stress ou de fatigue.
- S’autoriser des pauses gourmandes, mais équilibrées
Un carré de chocolat noir, une poignée de noix ou un yaourt peuvent devenir des en cas sains et réconfortants.
- S’informer et se faire accompagner
Des ressources en ligne peuvent vous guider :
- Manger Bouger : conseils simples pour bien manger au quotidien.
- Santé Publique France : recommandations nutritionnelles actualisées.
- Association Française des Aidants : informations et soutien pour les aidants.
En conclusion : se nourrir, c’est aussi se respecter
Bien manger quand on est aidant n’est pas un luxe mais une nécessité pour rester en bonne santé. Il ne s’agit pas de viser la perfection, mais de reprendre, petit à petit, le pouvoir sur son alimentation. Chaque repas équilibré, chaque geste de soin envers soi-même renforce la capacité à être présent, utile, et plein d’énergie. Prendre soin de l’autre commence aussi par prendre soin de soi.