Être proche aidant, c’est faire preuve d’un engagement quotidien, souvent invisible, intense et peu reconnu, mais profondément humain. Que ce soit pour un parent âgé, un conjoint malade ou un enfant en situation de handicap, cette mission prend une place considérable dans la vie de celles et ceux qui l’assument. Et lorsqu’on est également salarié, le défi devient encore plus complexe : concilier obligations professionnelles, responsabilités personnelles et rôle d’aidant peut devenir une source de souffrance physique et psychologique.
Pourquoi est-il crucial de se faire aider ?
Il est essentiel de se rappeler qu’on ne peut pas tout faire seul. Demander de l’aide n’est ni un échec ni un abandon : c’est un acte de lucidité, de bienveillance envers soi-même, et de responsabilité à long terme envers son proche aidé.
- Préserver sa santé physique et mentale
Selon le baromètre des aidants publié par la Fondation April en 2022, un aidant sur 5 en France consacre au moins 20 heures par semaine à son proche, souvent en plus de son emploi. Cela peut engendrer une fatigue chronique, du stress, des troubles du sommeil et un isolement progressif. Demander de l’aide, c’est se donner la possibilité de souffler, de prévenir l’épuisement, et d’assurer une présence de qualité auprès de son proche sur le long terme.
- Conserver un équilibre de vie
Lorsque l’on porte seul la charge d’un proche en perte d’autonomie, sa vie personnelle – et parfois professionnelle – en pâtit : on renonce à des moments de repos, d’activités sportives ou de loisirs. Autant de renoncements qui peuvent réduire vos interactions sociales. Hors maintenir un lien social est essentiel. Aussi accepter de déléguer permet de préserver ces espaces essentiels votre équilibre, et à votre capacité à accompagner l’autre avec patience et bienveillance.
- Continuer à assurer son rôle professionnel
25% des aidants cachent leur situation au travail (source : baromètre Aider et Travailler 2023), par peur d’être perçus comme moins investis, d’être pénalisés au sein du collectif de travail. Pourtant, en modifiant son organisation grâce au recours à de l’aide extérieure, il est possible de limiter les impacts sur sa carrière et de continuer à avancer un peu plus sereinement dans sa vie professionnelle.
Comprendre les freins à l’aide pour mieux les dépasser
Souvent, les freins à l’aide ne sont pas liés à un manque de volonté mais plutôt à des blocages profonds, émotionnels ou pratiques sans oublier financiers. Afin d’avancer, il est important d’identifier ces obstacles pour mieux les dépasser.
- Le sentiment de culpabilité
L’injonction de devoir tout faire, d’être indispensable, est très fréquent. Beaucoup d’aidants pensent qu’ils trahissent leur proche en sollicitant une aide extérieure. Pourtant déléguer certaines tâches à un professionnel ne signifie pas aimer moins. Au contraire, identifier un relai signifie s’assurer de pouvoir être présents sur la durée, dans de bonnes conditions.
- Le manque d’information
Beaucoup ignorent les solutions qui existent ou pensent qu’elles sont inaccessibles, trop chères, inadaptées. D’autres ne savent pas par où commencer pour demander de l’aide. Ce flou renforce le sentiment d’isolement. Il est donc nécessaire de se renseigner auprès des experts dans le domaine qu’ils s’agissent au niveau des communes des CCAS, ou autres MAIA, CLIC, PFR, MDPH, …
- La peur du jugement
Certains aidants craignent les regards extérieurs ou les critiques familiales : « Tu devrais pouvoir gérer ça tout(e) seul(e) ». Parfois, s’occuper de ses enfants ou de ses parents âgés est considéré comme normal, évident, et inévitable. Briser ce tabou est une étape essentielle. Il n’y a aucune honte à demander du soutien.
Quelles solutions pour alléger le quotidien ?
Heureusement, de nombreuses solutions existent pour soutenir les aidants au quotidien. Ces différentes ressources permettent de mieux équilibrer les différentes sphères de vie et de ne pas rester isolés. Se faire aider devient alors non seulement possible, mais aussi plus accessible. Voici un tour d’horizon des différents dispositifs.
- L’aide professionnelle à domicile
Les services d’aide à domicile peuvent prendre le relais ponctuellement ou régulièrement, pour permettre à l’aidant de prendre du temps pour soi. Les services proposés varient en fonction de la pathologie et du besoin de la personne fragilisée : l’intervenant peut préparer les repas, faire le ménage, administrer des soins, aider à la toilette et à l’habillage par exemple. Cela peut varier également de quelques heures de présence par semaine à la journée complète. Des aides financières comme l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) peuvent en partie financer ces prestations. Le Département, la Mairie et le Centre Local d’Information et coordination peuvent renseigner sur les solutions disponibles localement.
- Les Plateformes d’accompagnement et de répit
Les plateformes d’accompagnement et de répit ont été créées dans le cadre du Plan Alzheimer 2008-2012 sont déployées sur toute la France (soutenonslesaidants.fr). Elles se sont particulièrement répandues depuis La loi pour l’adaptation de la société au vieillissement (ASV) qui a instauré ce qu’on appelle le “droit au répit”. Leur mission : favoriser le maintien de la vie sociale et relationnelle et luttent contre le repli et l’isolement du proche aidant ou du binôme aidant-aidé.
Des accueils de jour, des hébergements temporaires ou des séjours de vacances adaptés tels que l’UFCV, VRF permettent de confier son proche à des professionnels, pour quelques jours ou semaines, tout en s’assurant qu’il est bien accompagné. Le site Ma Boussole Aidants recense les services présents sur tout le territoire national.
- Le soutien psychologique et les groupes de parole
Exprimer ses émotions, partager ses doutes, rencontrer d’autres aidants : cela rompt l’isolement et permet de prendre du recul. Certaines associations ou structures proposent des espaces d’écoute gratuits, par exemple la lignes d’écoute d’Avec Nos proches, ou de l’association France Alzheimer.
- L’accompagnement au travail
De plus en plus d’entreprises mettent en place des dispositifs spécifiques pour les salariés aidants : il peut s’agir d’aménagement d’horaires, dispositifs d’accompagnement social spécifiques, de formations et sensibilisations sur le sujet animées par des experts. Il ne faut pas hésiter à se rapprocher de son service Ressources Humaines ou médecine du travail pour en parler et obtenir un accompagnement adapté.
En conclusion : prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de l’autre
Être aidant est un acte d’amour, de générosité et de courage. Mais cet engagement ne doit pas se faire au détriment de sa propre santé. Déléguer ne signifie pas abandonner, c’est au contraire un signe de maturité et de responsabilité. En acceptant de se faire aider, on s’inscrit dans une démarche durable, respectueuse de soi et de l’autre. N’oublions pas : pour pouvoir veiller sur quelqu’un, il faut aussi savoir veiller sur soi.